lundi 19 mai 2014

WE de compet à Val Louron

Ce WE l'étape du Championnat des Pyrénées se situait à Val Louron.

Grand beau temps prévu pour les 2 jours, mais au final des conditions de vol plutôt complexe...

Je tiens tout d'abord à féliciter Emmanuel Rachelson le Directeur d’Épreuve de cette compétition, pour qui s'était son baptême du feu en tant qu'organisateur, et qui a très bien su faire face à cette compétition avec des situations compliquées à gérer.  

Samedi une traîne de vent de nord a rendu les conditions de vol toniques, voire assez dangereuses à certains endroits. Pas mal de vent au passage des crêtes, à cela on rajoute une belle activité thermique (varios instantanés à plus de 9m/s) du fait d'un gradient de température important entre les chaleurs printanières des fonds de vallées d'une fin mai et les 0°C vers 3000m, et le cocktail devient vite atomique. Il n'y a qu'au plaf à plus de 3000m qu'en définitive c'était assez agréable de voler.
Bref des conditions demandant une bonne maîtrise technique et une part d'engagement certaine, tout cela en début de saison avec peu de temps de vol pour pas mal de pilotes et le changement de machine récent pour d'autres.

Une manche dans le grand bocal du Louron, avec passage sur le Céciré dans le Luchonais et un peu plus de 10 pilotes qui bouclent le parcours.

Malheureusement il faut en parler : 2 accidents sur cette manche, avec pour l'une des pilotes un gros avertissement sans casse, car la "fée parapente" a bien voulu passer par là et rendre service, mais elle ne sera pas toujours dispo pour aider, et Bertrand qui se fait mal après un gros incident de vol.
Dans les 2 cas les pilotes vont jusqu'au sol après un vrac, et sans avoir eut la possibilité de se servir de leur parachute de secours. Cela pousse forcement à la réflexion : 2 pilotes qui frôle le drame sur une quarantaine de pilotes engagés, ce n'est pas concevable. 

Que se passe t-il sur nos compétitions depuis quelques saisons ? Trop d'engagement des pilotes ? Niveau insuffisant des compétiteurs ? Matériel trop performant ? Mauvaise adéquation pilote/ matériel ? Manches trop techniques ?
Je n'ai pas la réponse, sans doute un peu de tout cela en même temps. Je constate qu'à chaque fois où les manches ont lieu sur un site de montagne, au printemps, où les conditions demandent un bon niveau de pilotage, il y a de la casse.  En tout état de cause, nous ne pouvons pas envisager nos compétitions avec un tel niveau d'accidentologie sans rien faire. Je ne conçois pas que l'on se retrouve pour un WE de vol en se disant que l'on verra 1 ou 2 pilotes tomber. 

Si je me permets d'aborder le sujet de façon aussi brutale et sans ménagement, c'est que nous avons vécu de tel traumatismes depuis quelques années qu'il faut un moment poser les bonnes questions et arrêter de faire comme si tout allez bien. Il y a un problème et je ne conçois pas continuer à faire comme si de rien n'était.

Après est-il à moi seul de poser ces questions ? J'ai l'impression que dans notre petit microcosme de compétiteurs, il y a un déni de la réalité, où l'on évite ce type de débat et de trop se poser de questions pour continuer à jouir de notre loisir sans entraves.

Vos avis ou remarques m’intéressent.


Quelques photos prises en vol ce samedi.

La Coden de Pierre.

L'Enzo 2 de l'autre Pierre.

En arrivant vers le Céciré, avec au fond l'Aneto et les sommets du Luchonais.

Le Louron dans la lumière du soir.

Albert à la maîtrise du feu. Huumm les grillades arrivent.

Eric sans sa chérie qui se console comme il peut !!!

Notre campement pour la soirée.


Dimanche un ciel actif et une belle activité thermique. Dès 9h les 1ers cum. Dès 11h cela sort du site. A 12h on est à 3000m au-dessus du déco de Val Louron. La fenêtre de vol sera courte, c'est certain...

Pour ma part je me méfie de voler dans les vallées où c'est très actif tout autour et où la seule possibilité de replis sera le centre de la vallée. Et lorsque après le start la vallée se trouve elle aussi sous les cums, que tout se soude, que c'est bien actif, je décide de jeter l'éponge et d'aller me poser.
Et puis j'ai pas envie de voir quelques pilotes en galère si la situation tourne mal. C'est bon, je crois que l'on a notre dose de problèmes sans aller une fois de plus se mettre aux limites et regretter ensuite lorsque c'est trop tard. Car après coup, on ne peut plus rien faire.

Là aussi je me pose une question sur ce genre de journée où l'évolution des conditions reste incertaine : doit-on arrêter une manche lorsque les conditions présentent un danger, ou avant que le danger soit là ? En vol solo la question ne se pose pas : chacun le voit comme il le sent. Mais en groupe ?

8 commentaires:

nicolas a dit…

En effet de plus en plus de pilotes se retirent de la compétition parce qu'ils ne trouvent plus leur compte dans des manches complexes,ou se faire plaisir n'est plus l'objectif principal, tout en volant en sécurité. Je suis dans cette phase de réflexion. Pourquoi faire 800 km de route pour me faire secouer et descendre en 1 heure de vol en allant chercher une balise à 10km sous le vent alors que je pourrais faire 60 km ...le grand tour d'une vallée... peinard.... Oui Sylvain il serait temps de faire un tour de table pour parler de ce que tu décris.

Emmanuel a dit…

Je suis aussi d'accord avec ton analyse.
L'effort qui est mis actuellement sur le renforcement des exigences du brevet de pilote confirmé va dans le bon sens à mon avis. Au delà de l'aspect de maîtrise technique dans le pilotage, j'espère surtout que ça va permettre d'avoir des pilotes plus responsables et conscients des risques.
Et on n'échappera jamais au besoin éternel de rappeler à tous les pilotes qu'en compétition comme en cross, aucun thermique ou aucune balise ne vaut un fauteuil roulant.

Samy a dit…

Bravo à toi Sylvain d'être le premier à décider d'aller poser Dimanche, je pense qu'on était beaucoup à être plutôt soulagés de l'annulation au vu de l'évolution rapide des développements nuageux. Il s'avère qu'après coup on a pu voir que ça n'a pas dégénéré mais il en fallait de peu je pense (j'ai senti une ou deux gouttes à l'atterro pendant que je pliais).

Le problème, c'est qu'il faut beaucoup de confiance en soi pour savoir jeter l'éponge alors que ça va peut-être le faire et qu'une fois au sol on va voir tous ces camarades se taper un super vol. Je pense qu'on était nombreux à se poser des questions et à se dire "peut-être que je psychote et que c'est pas si craignos que ça". Parceque le psychotage, ça arrive aussi parfois! Donc la question, c'est comment avoir plus de confiance en soi et en son analyse? pas évident...

Pour Samedi, je suis d'accord qu'on est trop nombreux à s'être mis dans le rouge au retour du start, je crois que j'ai jamais vu autant d'ailes fermer autour de moi (étonnement, la mienne est toujours restée ouverte, merci au SIV récent?). Le problème c'est que personne avait anticipé un vent aussi fort en bas, et qu'on est nombreux (surtout ceux qui n'ont pas des guns qui avancent bien face au vent) à s'être fait piéger au retour. C'est sur qu'on avait le choix d'aller poser mais l'esprit humain (ou l'esprit du parapentiste) fait qu'on se dit: "bon ici c'est moisi mais peut-être que la crête d'après ce sera mieux, et ainsi de suite de crête en crête. C'est passé pour beaucoup d'entre nous mais pas pour tous... et encore, je pense que l'addition aurait pu être bien plus lourde.

Anonyme a dit…

Salut sylvain.
Tu n'es pas le premier qui parle de cela.
En coupe du monde depuis plusieurs années c'est déjà la loi de la performance à outrance.
Vous, les pilotes de haut niveau vous avez une énorme responsabilité dans le processus d'identification à la performance.
Le vocabulaire que vous utilisez dans vos récits de vols ou de compète sont édifiants de facilité, de sérénité, les blogs des champions regorgent de ces phrases magiques "j'ai pris la confluence en appuyant à donf au 3 ème barreau et je me suis fait satelliser..." (j'attaque pas, je relate ce que je lis).
Les vidéos de pwc sont également très optimistes sur les conditions réelles.
Donc un jeune compétiteur naif, quand il lit cela et qu'il visionne ces vidéos, il dit "pourquoi pas moi ?" et il a raison, puisque même des journalistes spécialisé disent à qui veut l'entendre que si tu prend pas du 9 m/s t'es pas un bon pilote.(ils disent aussi l'inverse, pas pas trop fort quand même dés fois qu'on croit qu'ils sont mauvais).

Anonyme a dit…

Le décalage entre le BPC et la réalité des compets B est très grand.(je parle même pas du nombre de pilotes qui sont en A et qui n'ont rien à y faire)
Le SIV est un complément à l'analyse mais ne remplace pas l'analyse, et beaucoup de pilotes se contentent de faire du SIV, et ne savent toujours pas lire l'air.
Ca fait 30 ans que ça dure Sylvain, on est dans se monde là, et le monde de la compétition ne veut surtout pas que ça change, c'est une réalité. On est même en train de transformer la réalité avec du marketing si bien présenté que les pilotes qui sont "normaux" et qui décident d'avoir du plaisir arrêtent de faire de la compète et ils ont raison ; et tu as raison de donner l'exemple en allant te poser.
L'autre problème c'est que les DE de compète envoient souvent à tout prix alors qu'ils connaissent parfaitement les enjeux de la masse d'air de leur spot. Il y aura toujours un pilote qui démontrera que la manche est possible, et les 50 autres seront pris pour des incompétents.
Annoncer les les niveaux 1 ou 2 ou 3 est une vaste fumisterie quand on y regarde de plus près et aucun pilote ne souhaite passer pour la fiote du quartier, donc ils suivent, ferment leur gueule et parfois prient pour que ça passe.
Les commentaires précédents relatent très précisément cette situation.

Anonyme a dit…

La compète c'est pas pour les peureux et les incompétents, c'est ça le messages caché que je comprend aujourd'hui.
Une compète est devenu un évènement que l'on doit à tout prix rentabiliser, et des organisateurs utilisent systématiquement l'argument que leur site est ultra protégé des vents etc... et le pire c'est que les pilotes croient ce mensonge.
Mais si jamais le vent rentre, là c'est l'hécatombe.
Il y a des sports où l'on norme à minima la prise de risque des compétiteurs, nous on est à la FFVL, et dans ce mot Vol Libre, on s'abrite derrière le libre choix et la responsabilité de chacun.
Notre sport n'est pas mûre pour normer la prise de risque lors des manches de compétition. L'accès à la compétition est trop facile, les DE sont souvent tentés de balancer les manches parcequ'il faut avoir des résultats. Nous sommes tous responsable car cette image que nous présentons aux nouveaux, c'est nous qui la construisons au quotidien.
Mais ça évolue lentement, trop lentement à mon goût.
Et on en perd des pilotes qui pourraient être heureux lors d'un we de compétition.

Anonyme a dit…

Seule la Commission compétition de la FFVL peut remédier à ce problème, en obligeant à faire des choses que les compétiteurs eux même refusent de faire. Les fabricants surfent sur ces non-dits et vantent toujours plus l'invulnérabilité de leurs profils à haute vitesse en conditions fortes. Oui mais ça n'est pas à la porté de tout le monde.
Aujourd'hui c'est l'élite qui gouverne l'image que nous donnons à ceux qui sont en dehors de notre sport et si ils l'appellent un sport extrême ce n'est peut être pas par hasard !!!
Bises, soyez forts et continuez à être prudents, c'est ceux qui vivent vieux qui ont raison, y'a pas toujours la fatalité, on peut aussi agir avant...

Anonyme a dit…

J'suis pas compétiteur, j'suis plutôt directeur d'épreuve, je reste anonyme car avec l'internet on est jamais trop prudent.
Mais j'apprécie énormément ta démarche.