Cross de 110 Km : Aubas (Dordogne) à Caussade (Tarn et Garonne).

Une journée annoncée avec un potentiel fabuleux pour crosser en plaine : objectif Aubas en Dordogne.

Mais avec un vent relativement faible et surtout de Nord-Est jusqu'à 14h, faiblissant encore à 15h en tournant plus nord. On tente le coup, au pied levé, car pas facile de s'organiser pour monter en Dordogne alors que le projet initial était la compétition de Val Louron.

Grace à Nicolas Géroni, je laisse ma voiture à Toulouse et il me conduit au déco d'Aubas. 

Sur place beaucoup de monde sur le petit site d'Aubas.

Mais dur dur le site d'Aubas pour les nerfs... Nous avions connu le WE dernier une extraction du site très facile, exceptionnelle au dire des locaux, là au moins on aura connu le vrai visage du site. Les locaux nous avaient prévenu : avec du Nord-Est, les 200m premiers mètres pour sortir sont très compliqués, ce sera très dur...

Petit souvenir, un mémo que j'avais noté en octobre 2012 suite à une discussion avec Jean-Louis et Antoine Cabiac :

- Aubas ne supporte que des décos par nord

- Surtout pas Nord-Est.

- Eventuellement Nord-Ouest mais pas facile de sortir.

- Donc nord obligatoire !

Tout était dit !

Lorsque l'on arrive il fait froid au déco, très froid, il y a une bonne brise au déco de face et les premiers cum font leur apparition. Cela s'annonce bien !

Mais on préfère attendre un peu avant de décoller, car 12h c'est tôt et moi je ne veux pas risquer de poser quelques Km derrière avec la journée fumante qui se prépare.

Sauf que très vite le vent s'arrête au déco en même temps que la chaleur qui arrive en quelques minutes, le vent passe même vent arrière, certainement du aux cycles thermiques qui passent devant le déco poussés par le vent d'Est, sans venir sur nous. 

Vers 13h30 nous sommes plusieurs à tenter un déco, mon vol durera 2 minutes et 9 secondes !!! On se retrouve tous au tapis. Dégoûtés. Merci à Jean-Louis Cabiac pour la récup rapide et efficace, allongé dans le coffre du break ! Bonne technique pour remonter au déco sans sortir de la sellette ! 

Nous voilà donc cloués au sol, démoralisés à la vue du ciel de feu que l'on voit devant nous sans pouvoir en profiter :

Et puis les tentatives s’enchaînent, avec des tas les uns derrière les autres. Un peu avant 15h, Eddy Dampierre est le 1er à s'extraire, en prenant un thermique assez loin devant dans les champs, chapeau l'artiste ! Pas facile. 

Notre tour viendra 30' plus tard, au seul passage thermique conséquent qui passera sur le site d'Aubas. Nous sommes une petite dizaine à nous extraire. Et seuls 5 pilotes à partir : Antoine Cabiac et Vincent Fabre avec un 3ième pilote dont j'ignore le nom, puis Stephen Gichuki, et enfin moi même bon dernier.

Sur le début du vol je suis pas dedans, je ne trouve pas les bons noyaux de thermique, je suis à la rue. Mais j'ai décidé de rester calme, la journée ou ce qu'il en reste, pourrait encore être longue... Et puis j'ai ma voiture à Toulouse, donc objectif aller le plus loin possible.

Après avoir merdé le cycle thermique du départ, je pars quand même au sud en direction du groupe de tête qui est déjà au nuage, à plus de 2200m, alors que je suis à peine à 1000m... Et là la catapulte et enfin là, et je confirme l'emmagrame annoncé.  Plaf à 2200m avec de bons vario sous le cum. Le début du parcours est du coup assez facile, bien matérialisé par des rues de cum.

J'arrive à refaire mon retard sur Stephen au passage de Gourdon.

Puis avec Stephen, on rattrape Antoine et Vincent ; extra ! Nous sommes 4 maintenant. C'est génial.

Un peu après je rencontre un thermique qui fait du bien au moral : +7m/s ! Enfin un truc qui a la pêche ! Ce bon vario intégré à +5m/s sur 20 secondes me permet de rejoindre Antoine et Vincent à leur hauteur, car j'étais toujours un peu en retard sur eux.

Par contre pour moi la journée de vol sera un long calvaire à cause du froid. Dès passé 1500m environ il fait 0°c, et environ -7°C au plaf. Je n'avais pas assez anticipé ces température là et du coup lorsque je prend un thermique, je me dis j'en ai besoin pour aller loin, mais je ne veux pas monter car je n'en peux plus... J'ai eu froid comme jamais. Au-dessus de 2000m, à chaque fois je grelottais, et claquais des dents... L'enfer au paradis !!!

Vincent Fabre au plaf vers 2300m en approche de Cahors.
On perd Stephen à l'entrée de Cahors.

Antoine Cabiac.

L'arrivée à Douelle.

Cahors.

Le Lot.

Cahors centre !

On perdra Vincent juste après Cahors.

Dernier plaf glacial dans les plaines du Tarn et Garonne. Il est plus de 19h. Un long glide final avec Antoine pour aller poser à 19h36 à Caussade.

Caussade juste avant de poser, dans les lumières du soir. Je me pose au plus près de la gare SNCF pour le retour à Toulouse.

Je discute avec le propriétaire du champs à deux pas du centre de Caussade, gars super sympa. Je lui explique que je viens d'un site à côté de Brives. Il ne comprenait pas que je puisse arriver là sans avoir été largué d'un avion. Il pensait aussi que j'avais pris de l'élan là-bas pour arriver jusqu'à chez lui. Je lui ai expliqué comment on vole et a été ravis de l'explication. Puis on fils de 8 ans me regarde plier mon aile, et au bout d'un moment il me demande d'un ton dubitatif après avoir expliqué comment on vole à son père : "mais il est où ton moteur" !!!! Génial !

Donc me voilà à Caussade, où au moment de poser je vois passer le train pour Toulouse, celui de 19h36. Mais je n'en fous, car il doit y avoir celui de 21h56... Sauf qu'une fois arrivé à la gare, y'a pas de train à 21h56... Les boules.

Je cherche donc un hôtel sur Caussade : les habitants me disent : y'a pas d'hôtel à Caussade.... Misère !

Donc à 20h30 me voilà à faire du stop à Caussade... Pas gagné le retour.

Et là un jeune super sympa, chauffeur routier de 19 ans, rentre de sa semaine de boulot vers Montauban (cette semaine il était dans les mêmes coins que moi avec son camion, Toulon, Lyon...). Puis une fois en voiture, il me dit qu'il passe chez lui à Montauban, mais qu'ensuite il va à TOULOUSE !!! retrouver sa copine ! Génial, grâce à l'amour d'une petite Toulousaine pour un chauffeur routier, je vais rentrer à Toulouse direct. C'est beau l'amour, et encore plus quand cela rend service !

Il me dépose vers 22h30 au Métro de Toulouse. Et ainsi je récupère ma voiture Gare Matabiau vers 23h et retour à la maison.

Donc ma 1ere récup après un vol en prenant le Metro... Il me restera l'avion et le bateau à essayer encore.

Encore une belle expérience de vol, d'amitié, de rencontres. Le parapente comme ça j'aime. Uns fois en plaine, une autre fois en montagne, soit en cross, libre, soit en compet, le couteaux entre les dents. Bref, y'a tellement de choses à faire et à vivre. 

La trace :

http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2013/vol/20142710