Il y a longtemps que je pistais ce genre de journée et surtout que je préparais quelque triangles possibles au départ de Superbagnères. L'idée étant d'arriver à réaliser un triangle FAI , et non pas un triangle plat ; l'explication donnée par la FFVL est très claire :
Avec ce type de triangle, on est pas très loin d'un triangle équilatéral, qui lui aura son plus petit côté égal à 33% du périmètre.
Là dans le cas d'un triangle FAI, la complexité vient de la forme de la chaîne Pyrénéenne qui est très longue (un peu plus de 400 Km), mais pas très large. Si l'on prend la crête frontière et que l'on va jusqu'au piémont, il y a à peine plus de 30 Km ! Donc dès que l'on essaye de réaliser ce type de triangle, rapidement on se retrouve sur le piémont où les reliefs sont bien plus bas.
On a surtout une particularité cette fois-ci liée à l'aérologie Pyrénéenne : on a presque jamais des conditions favorables en même temps sur le fond de la chaîne et sur le piémont. Lorsque le piémont fonctionne bien, en montagne il y a soit trop de vent, soit des plafond trop bas, soit une couverture nuageuse importante. Et lorsque les hauts reliefs sont très actifs et avec des plafonds élevés, comme aujourd'hui, il est compliqué de venir voler sur le piémont, les plafonds y sont généralement très bas (masse d'air beaucoup plus humide que sur les hauts reliefs) et il est donc difficile de revenir sur les hauts reliefs pour terminer le parcours...
Bref tout ça pour dire qu'il est pas évident de réaliser des triangles FAI de plus de 100 Km dans les Pyrénées Françaises. Les 2 seuls triangles FAI de plus de 100 Km réalisés dans les Pyrénées jusqu'à ce jour (et déclarés à la CFD) dataient du 22 mai 2010 réalisé par Richard PENE au départ d'Arbas - 102 Km et 142.8 points, et celui du 6 avril 2011 réalisé par Kévin BONNENFANT au départ de Superbagnères - 107.05 Km et 149.86 points.
Aujourd'hui j'ai volé avec Eric DAIGREMONT. On a pris beaucoup de plaisir à voler ensembles. On avait un bon rythme de vol car à aucun moment l'un ou l'autre était en attente ; on a volé exactement au même rythme même si parfois on ne prenait pas tout à fait la même route ou la même zone ascendante, on se retrouvaient un peu plus loin exactement en même temps ! C'était excellent d'avoir partagé cette journée de vol incroyable. Un grand souvenir.
Le tout en image.
La sortie du déco de Superbagnères ; 3400m dès 12h30 à peine 10 minutes après avoir décollé ; j'ai le sandwich qui m'est un peu resté en travers !!! J'aime bien une entrée en matière moins directe... Là au moins on a été dans le feu de l'action dès le départ.
Le Céciré : pas la même vue que la veille ; comme quoi les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.
Eric dans la Vallée du Louron, 30' à peine après avoir décollé. Au fond juste à droite d'Eric les Posets.
L'arrivée à Saint-Lary ; les cums sont en place ; génial ! Car cette zone peut souvent être compliquée...
Quelle vue ! Tout le massif du Néouvielle vu du plaf à 3800m, avec au fond à gauche le Mont Perdu et au fond à droite le Vignemale.
Notre point de contournement approche, le Pic des Quatre Termes, en gros à mi distance entre l'endroit où je prends la photo et le Pic du Midi de Bigorre. J'étais déjà passé exactement au même endroit lors du vol du 31 octobre dernier.
Lorsque j'ai tourné le Quatre Termes, un vieux souvenir m'est revenu ; j'avais 8 ans et c'était ma 1ere sortie en ski de rando ; quel plaisir de vivre ses moments là si différents avec autant d'années d'écart dans un même lieu aussi magique. J'aime tant la montagne pour ce qu'elle m'offre.
Cette vue est rare car il est peu fréquent de pouvoir traverser ses grands plateaux enneigés aussi facilement.
Retour dans le Louron.
Lac d'Oô.
L'arrivée près du Portillon ; impressionnante face ouest du Quayrat.
Après avoir dépassé Luchon en direction du Mourtis, là aussi un moment rare : 3600m de plaf avec une vue sur tout l'Est de la chaîne.
L'arrivée au Mourtis ; j'aurai encore 3000m de plaf sur le déco du Mourtis !!!
Le retour avec Eric.
Un grand moment partagé. Et la cerise sur le gâteau, on se repose au déco de Superbagnères. Le top.
Petite analyse technique du triangle FAI réalisé : là on voit l'outil que l'on utilise pour préparer ce type de vol. En mettant des balises de contournement, on voit si le FAI sera actif ou si ce sera un simple triangle plat.
Les zones de couleurs permettent de voir la zone qui permettra à ce que le point de contournement soit éligible au FAI ou non.
Seul bémol, c'est qu'en vol si l'on doit modifier le plan de vol en fonction des conditions aérologiques, on n'a pas l'ordi à porté de main, il faut donc garder ce schéma en tête afin de continuer à optimiser le parcours en temps réel...
J'ai zoomé sur les 3 points de contournement qui ont été utilisé lors du vol, et on peut voir que cela se joue à pas grand chose, quelques dizaines de mètres et le triangle n'était plus FAI...
Là vers le Quayrat j'étais à peu près certain de passer au bon endroit. Mais maintenant en voyant la zone, je regrette de ne pas avoir glissé un peu plus à l'Ouest pour sécuriser le point de contournement... On a faillis louper ce point alors qu'il me semblait évident.
Là cela répond à la question qui m'était posée le soir après le vol : pourquoi ne pas être allé au Pic du Midi ? Et bien cela aurait été du parcours de vol hors zone FAI, mais surtout avec le risque de perdre du temps pour rentrer sur Luchon, car le retour du Pic peut parfois être compliqué et de ne pas pouvoir profiter des gros plafs avant la transition vers le Mourtis.
Là nous avons eu la chance d'arriver suffisamment tôt et très haut afin de pouvoir passer au vent de l'Escalette sans soucis, car l'échange plaine montagne était en route et dans les basses couches (jusque vers 2200m quand même) il y avait jusqu'à 24 Km/h de Nord Est ; donc autant dire qu'en arrivant plus bas; ce point de contournement était totalement exclus ! Il suffit d'ailleurs de regarder plus haut la photo du Mourtis et on voit la tête du cumulus qui se forme à l'Esacalette ; c'est Tchernobyl !
Et enfin le tracé :
3 commentaires:
Beaucoup de questions !!!
Quelques réponses :
- oui je pose des congés, je suis salarié et ce n'est pas facile d'être dispo les bonnes journées ; là j'avais posé la semaine. Dans ce cas précis j'ai posé mes congés milieu de semaine précédente, donc très aléatoire... Du coup je loupe beaucoup de belles journées mais c'est ainsi, il y a des priorité !
- Luchon est à la fois plus précoce (on gagne 30' de vol par rapport à un déco du 700 de Val Louron, mais surtout la fin du triangle est plus facile ; car le retour en fin de journée à Loudenvielle est très compliqué voir aléatoire depuis le Mourtis ;
- les partenaires ? ben ceux qui voient la journée, qui se rendent disponibles, qui ont la même volonté que moi et qui sont ultra motivés sont là le bon jour ; cela se fait de façon naturelle ;
- la façon de voler : ta questions est trop complexe et pas facile à résumer en quelques mots car il y a bcp de choses à dire ; on en parlera un jour devant une bière...
- vol engagé : oui et non ; non car cela pose à peu près partout, sauf bien entendu vers les 4 termes, car là cela pose bien mais il faudra marcher longtemps pour trouver une route ; et oui d'une part pour les posés en milieu d'après midi dans les vallée de St Lary ou Luchon, les brises peuvent être très fortes, donc privilégier un posé en altitude ou le soir, et d'autre part, dans la mesure où c'est du vol en partie en haute montagne, et le vrac près du relief n'est pas le bienvenue ; et oui aussi car cela demande de voler régulièrement dans ce type de conditions printanière en montagne, cela peut parfois être puissant...et il ne faut pas se mentir : on doit maîtriser son matos en toute circonstance ;
- oui il s'agit bien de la ratière ; je suis arrivé trop tôt sur cette face ouest, et la brise n'était pas en route ; donc la sortie aurait put se résumé à un posé en vallée... donc je suis sorti uniquement par les thermiques qui déclenchaient comme des boulets de canon à travers les sapins et en visant le pollen qui montait dans le thermique !!!
- des regrets ? pour le 83 FAI oui de n'avoir pas pu faire le 100 FAI et lors du 111 FAI aucun regret car il vaut mieux valider un 111 FAI (une 1ere dans les Pyrénées côté Français) que de ne pas valider en essayant plus grand ; chaque chose en son temps, la prochaine fois je suis maintenant libéré pour voir plus grand.
- le sommeil : pas facile avant le vol car bcp de réflexion sur la stratégie, le parcours à choisir, les conditions qu'il y aura, et après le vol c'est cool !
Et si je dois donner 1 seul conseil : ne pas griller les étapes, prendre le temps de faire progresser en même temps ses rêves et ses capacité de les réaliser en sécurité !
A bientôt dans les airs.
Beaucoup de questions !!!
Quelques réponses :
- oui je pose des congés, je suis salarié et ce n'est pas facile d'être dispo les bonnes journées ; là j'avais posé la semaine. Dans ce cas précis j'ai posé mes congés milieu de semaine précédente, donc très aléatoire... Du coup je loupe beaucoup de belles journées mais c'est ainsi, il y a des priorités !
- Luchon est à la fois plus précoce (on gagne 30' de vol par rapport à un déco du 700 de Val Louron, mais surtout la fin du triangle est plus facile ; car le retour en fin de journée à Loudenvielle est très compliqué voir aléatoire depuis le Mourtis ;
- les partenaires de vol ? ben ceux qui voient la journée, qui se rendent disponibles, qui ont la même volonté que moi et qui sont ultra motivés sont là le bon jour ; cela se fait de façon naturelle ;
- la façon de voler : ta questions est trop complexe et pas facile à résumer en quelques mots car il y a bcp de choses à dire ; on en parlera un jour devant une bière...
- vol engagé : oui et non ; non car cela pose à peu près partout, sauf bien entendu vers les 4 termes, car là cela pose bien mais il faudra marcher longtemps pour trouver une route ; et oui d'une part pour les posés en milieu d'après midi dans les vallée de St Lary ou Luchon, les brises peuvent être très fortes, donc privilégier un posé en altitude ou le soir, et d'autre part, dans la mesure où c'est du vol en partie en haute montagne, le vrac près du relief n'est pas le bienvenue ; et oui aussi car cela demande de voler régulièrement dans ce type de conditions printanière en montagne, cela peut parfois être puissant...et il ne faut pas se mentir : on doit maîtriser son matos en toute circonstance ;
- oui il s'agit bien de la ratière ; je suis arrivé trop tôt sur cette face ouest, et la brise n'était pas en route ; donc la sortie aurait put se résumer à un posé en vallée... donc je suis sorti uniquement par les thermiques qui déclenchaient comme des boulets de canon à travers les sapins et en visant le pollen qui montait dans le thermique !!!
- des regrets ? pour le 83 Km FAI oui de n'avoir pas pu faire le 100 Km FAI et lors du 111 Km FAI aucun regret car il vaut mieux valider un 111 Km FAI (une 1ere dans les Pyrénées côté Français) que de ne pas valider en essayant plus grand ; chaque chose en son temps, pour la prochaine fois je suis maintenant libéré pour voir plus grand.
- le sommeil : pas facile avant le vol car bcp de réflexion sur la stratégie, le parcours à choisir, les conditions qu'il y aura, et après le vol c'est cool !
Et si je dois donner 1 seul conseil : ne pas griller les étapes, prendre le temps de faire progresser en même temps ses rêves et ses capacité de les réaliser en sécurité !
A bientôt dans les airs.
ok pour la mousse,
encore merci pour ton aide
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